C’est le temps de l’été, des vacances… Le temps où l’on a le
loisir de se poser, de regarder, d’observer…
C’est ce que j’ai fait
hier et ce matin et cela m’a donné l’idée de vous proposer la séance
d’observation et d’écriture qui suit…
En écrivant ces lignes, je suis à… Hossegor, plage sud,
esplanade « la Sud »… Je vous
en dirais plus, un peu plus loin…
Cette esplanade est ce que j’appellerais un « lieu de
transition ». Les gens passent. Ils n’y ont rien de spécifique à y faire.
C’est un lieu sans enjeux… juste un point de passage obligé pour aller vers la
plage, ou en revenir. Au mieux, les gens s’y arrêtent quelques instants, posent
leur vélo, mais n’y stationnent pas. Il
ne s’y passe donc « rien », rien de fondamental (ou si rarement…) et
pourtant tout est action, bribes de vie.
Il n’y a rien à voir (bien que…), tout est à regarder !
Proposition d’observation
Je vous propose donc, où que vous soyez, à la mer, en
montagne, en ville ou ailleurs, de trouver un même type de lieu de transition
où les gens passent et repassent. Plus il sera grand, plus il y aura à
regarder. Comme ces deux tricycles en forme de chaise longue qui viennent de me
passer devant le nez… Ils sont déjà partis, je n’ai pu les observer, qu’importe
l’image est là elle restera… et cela me permet de regarder ailleurs.
Ce lieu trouvé, installez-vous tranquillement et regardez,
n’essayez pas de « voir », vous n’auriez plus la disponibilité pour
« regarder ». De droite, de gauche, devant, derrière, bruits, odeurs,
mouvements se succèdent à un rythme infernal. Laissez-vous porter par ce flot
d’images, de sons, de sensations... Regardez ce que vous n’auriez jamais vu, ce
que vous n’auriez jamais entendu en conscience… Laissez-vous déborder
par le flot. Vous « raterez » beaucoup de choses, qu’importe vous
n’avez pas de performance à atteindre…
Personnellement, ce type de posture, dans lequel je n’ai pas
à m’impliquer, à rechercher quoi que ce soit, m’enchante et me repose. Tentez,
ne recherchez rien de spécial, sinon que, par-devers votre attention, vous
verrez le spectacle vivant…
Regardez le temps qu’il faut avec cette volonté de
cueillette, de ne vous attarder sur rien… Au bout d’un certain temps quand vous
serez cet état de non-implication dans la vie de ce lieu, vous pourrez
commencer à prendre des notes à la volée, des flashs, des instantanés (pourquoi
pas en utilisant un dictaphone ?...). Forcément cela troublera votre
regard, vous fera perdre des images, qu’importe, nous l’avons dit rien n’est
fondamental…
Proposition(s)
d’écriture
1
À partir de ces notes que vous aurez prises (sans jugement,
sans évaluation, comme si vous étiez absent… ) écrivez ce lieu et ce qui s’y
passe…
Mettez-vous totalement en écriture blanche… Choisissez comment écrire ce mouvement qui
tourne autour de vous… quelques mots pour chaque regard, ou bien une phrase.
Vous pouvez faire comme Pérec dans tentative d’épuisement
d’un lieu parisien (voir en notes) ou Victor Hugo écoutant les bruits en bord
de mer, lui ne voyant rien puisque assis à sa table de travail..…
Dans un second temps, vous pouvez entrer en scène, quitter
votre posture d’observateur neutre et réapparaître…
Dans l’écriture, utilisez le « je »… vous pourrez avoir
un regard subjectif… et raconter ce que vous voyez et ressentez…
3
Si vous revenez plusieurs fois au même endroit, vous
retrouverez certainement quelques-uns des personnages déjà aperçus… Imaginez que si dans votre lieu
d’observation, il ne se passe rien, ou si peu, par contre, sur la plage, dans
les appartements derrière vous…, de multiples aventures s’enchainent... des amours naissent, des couples se déchirent,
des destins se forgent, des drames qui se nouent…
Vous pouvez tout imaginer à partir de ce que vous avez vu.
Entrez donc dans l’écriture de fiction, en nous racontant une petite histoire…
Description du lieu
où j’étais… (façon Pérec…)
Hossegor plage sud… Esplanade « la Sud ». Un bâtiment
d’habitation dénommé « le Point d’Or » ; devant un grand terre-plein
descendant du bâtiment vers l’esplanade en trois paliers décroissants de trois
marches chacun. Encore trois marches plus bas, le terre-plein public, puis le muret de rambarde en béton plein, qui donne sur la plage (invisible) et la mer.
On accède à celles-ci par trois escaliers, un central et deux sur les extrémités
nord et sud de l’esplanade. Au-delà, au sud, les dunes sauvages jusqu’à
l’entrée du chenal du lac d’Hossegor, au nord, les bâtiments et le cheminement
qui vont vers la plage centrale. Il est
11 heures, le drapeau jaune flotte.
L’esplanade est traversée direction nord-sud par une piste
cyclable. Quatre rangées de tamaris ornent le terre-plein. Autour de ceux-ci
sont agglutinés et cadenassés des vélos. Entre les arbustes, toujours nord-sud,
une rangée de bancs.
L’immeuble, trois étages. Rez-de-chaussée, au centre
l’entrée, sur la gauche du bâtiment côté sud, deux écoles de surf ; sur la
gauche du bâtiment (côté nord)le « bazar de la plage »,un café, le
« point d’Or » juste à côté vers le centre ; puis une cafétéria libre-service,
le « Sunbeam » (odeur d’huile froide). Tables en bois façon
pique-nique, parasols carrés de toile grège devant la cafétéria ; petites
tables carrées, fauteuils en plastique gris, parasols hexagonaux devant le café.
C.G.
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