mercredi 15 août 2018

Écriture de plage… et d’ailleurs...


C’est le temps de l’été, des vacances… Le temps où l’on a le loisir de se poser, de regarder, d’observer…

 C’est ce que j’ai fait hier et ce matin et cela m’a donné l’idée de vous proposer la séance d’observation et d’écriture qui suit…

En écrivant ces lignes, je suis à… Hossegor, plage sud, esplanade « la Sud »…  Je vous en dirais plus, un peu plus loin…

Cette esplanade est ce que j’appellerais un « lieu de transition ». Les gens passent. Ils n’y ont rien de spécifique à y faire. C’est un lieu sans enjeux… juste un point de passage obligé pour aller vers la plage, ou en revenir. Au mieux, les gens s’y arrêtent quelques instants, posent leur vélo,  mais n’y stationnent pas. Il ne s’y passe donc « rien », rien de fondamental (ou si rarement…) et pourtant tout est action, bribes de vie.

Il n’y a rien à voir (bien que…), tout est à regarder !

Proposition d’observation

Je vous propose donc, où que vous soyez, à la mer, en montagne, en ville ou ailleurs, de trouver un même type de lieu de transition où les gens passent et repassent. Plus il sera grand, plus il y aura à regarder. Comme ces deux tricycles en forme de chaise longue qui viennent de me passer devant le nez… Ils sont déjà partis, je n’ai pu les observer, qu’importe l’image est là elle restera… et cela me permet de regarder ailleurs.

Ce lieu trouvé, installez-vous tranquillement et regardez, n’essayez pas de « voir », vous n’auriez plus la disponibilité pour « regarder ». De droite, de gauche, devant, derrière, bruits, odeurs, mouvements se succèdent à un rythme infernal. Laissez-vous porter par ce flot d’images, de sons, de sensations... Regardez ce que vous n’auriez jamais vu, ce que vous n’auriez jamais entendu en conscience… Laissez-vous déborder par le flot. Vous « raterez » beaucoup de choses, qu’importe vous n’avez pas de performance à atteindre…

Personnellement, ce type de posture, dans lequel je n’ai pas à m’impliquer, à rechercher quoi que ce soit, m’enchante et me repose. Tentez, ne recherchez rien de spécial, sinon que, par-devers votre attention, vous verrez le spectacle vivant…

Regardez le temps qu’il faut avec cette volonté de cueillette, de ne vous attarder sur rien… Au bout d’un certain temps quand vous serez cet état de non-implication dans la vie de ce lieu, vous pourrez commencer à prendre des notes à la volée, des flashs, des instantanés (pourquoi pas en utilisant un dictaphone ?...). Forcément cela troublera votre regard, vous fera perdre des images, qu’importe, nous l’avons dit rien n’est fondamental…

 Proposition(s) d’écriture

1

À partir de ces notes que vous aurez prises (sans jugement, sans évaluation, comme si vous étiez absent… ) écrivez ce lieu et ce qui s’y passe…

Mettez-vous totalement en écriture blanche…  Choisissez comment écrire ce mouvement qui tourne autour de vous… quelques mots pour chaque regard, ou bien une phrase.

Vous pouvez faire comme Pérec dans tentative d’épuisement d’un lieu parisien (voir en notes) ou Victor Hugo écoutant les bruits en bord de mer, lui ne voyant rien puisque assis à sa table de travail..…

 2

Dans un second temps, vous pouvez entrer en scène, quitter votre posture d’observateur neutre et réapparaître…

Dans l’écriture, utilisez le « je »… vous pourrez avoir un regard subjectif… et raconter ce que vous voyez et ressentez…
 

3

Si vous revenez plusieurs fois au même endroit, vous retrouverez certainement quelques-uns des personnages déjà aperçus…   Imaginez que si dans votre lieu d’observation, il ne se passe rien, ou si peu, par contre, sur la plage, dans les appartements derrière vous…, de multiples aventures s’enchainent...  des amours naissent, des couples se déchirent, des destins se forgent, des drames qui se nouent…

Vous pouvez tout imaginer à partir de ce que vous avez vu. Entrez donc dans l’écriture de fiction, en nous racontant une petite histoire…

 


Description du  lieu où j’étais… (façon Pérec…)

Hossegor plage sud… Esplanade « la Sud ». Un bâtiment d’habitation dénommé « le Point d’Or » ; devant un grand terre-plein descendant du bâtiment vers l’esplanade en trois paliers décroissants de trois marches chacun. Encore trois marches plus bas, le terre-plein public,  puis le muret de rambarde en béton plein,  qui donne sur la plage (invisible) et la mer. On accède à celles-ci par trois escaliers, un central et deux sur les extrémités nord et sud de l’esplanade. Au-delà, au sud, les dunes sauvages jusqu’à l’entrée du chenal du lac d’Hossegor, au nord, les bâtiments et le cheminement qui vont vers la plage centrale.  Il est 11 heures, le drapeau jaune flotte.

L’esplanade est traversée direction nord-sud par une piste cyclable. Quatre rangées de tamaris ornent le terre-plein. Autour de ceux-ci sont agglutinés et cadenassés des vélos. Entre les arbustes, toujours nord-sud, une rangée de bancs.

L’immeuble, trois étages. Rez-de-chaussée, au centre l’entrée, sur la gauche du bâtiment côté sud, deux écoles de surf ; sur la gauche du bâtiment (côté nord)le « bazar de la plage »,un café, le « point d’Or » juste à côté vers le centre ; puis une cafétéria libre-service, le « Sunbeam » (odeur d’huile froide). Tables en bois façon pique-nique, parasols carrés de toile grège devant la cafétéria ; petites tables carrées, fauteuils en plastique gris, parasols hexagonaux devant le café.
C.G.