mercredi 31 août 2011
Rentrée des ateliers d'écriture réguliers
Nous allons participer aux journées de rentrée des associations à Quartier Libre, à Lescar, les 9 et 10 septembre,
puis à la journées portes ouvertes de la Pépinière, 4 avenue Robert Schumann à Pau, le 21 septembre.
De ce fait, les séances de découverte pour les débutants auront lieu :
mardi 13 de 18h30 à 20 heures ;
mercredi 14 de 18h30 à 20 heures ;
vendredi 16 de 10h à 11h30
les ateliers réguliers sur Pau (une séance tous les 15 jours environ, à un créneau horaire déterminé) commençant :
samedi 17 de 9h15 à 12h15
mardi 20 de 18h30 à 21heures
vendredi 23 de 9h00 à midi.
Pour ce qui concerne les personnes ayant déjà une année et plus de présence dans notre atelier, le début sera :
mardi 13 de 9h00 à 12h00
samedi 24 de 9h05 à 12h05
un date restant à fixer pour le troisième groupe
Les renseignements et inscriptions sont à prendre au 06 09 43 23 85
lundi 29 août 2011
Le sens de l'Histoire
Dernier des huit sens du Béarn...
Le sens de l’histoire
Christian Garrabos
Des mythes, le Béarn et les béarnais en ont à foison. Déjà nos grandes figures historiques : Gaston Fébus, né sous le signe du soleil, à la devise si parlante : « Touches-y si tu oses !» ; notre Vert Galant au fier Panache blanc ou avec la poule au pot, Bernadotte qui a conquis les neiges et nous donner des cousins en Suède ou Jeanne d’Albret l’insoumise ! Combien de petits béarnais ne les ont-ils pas sortis des livres d’histoire pour les faire vivre dans leurs jeux ?
Car c’est bien dans l’imaginaire des enfants, dans les souvenirs qu’ils se créent, dans ces héros qu’ils se donnent que se fonde l’âme de leur Terre. Jean Lassalle pouvait dire à Lourdios, en juin dernier, lors de la fête de la transhumance, que chaque transhumance fait ressurgir en nous ces souvenirs d’enfance que nous avons vécus.
Et nous en avons des souvenirs, tous captés dans ces fêtes partagées avec les « grands » en ébarbant le maïs, en regardant les boyaux fraîchement lavés être enfilés sur la canule avant de s’épanouir, comme miraculeusement, en saucisse, boudin ou autre andouille, gavés de la chair du cochon occis lors du pèle porc !
Toutes ces petites histoires racontées en ronde autour du feu : du Jeantet le rebouteux, de cette ascension du Pic du Midi un jour d’avril, ou bien de cette cueillette de cèpes qui se pesait en dizaines de kilos… toutes ces histoires se finissant, à un moment où à un autre, en chantant lou Cèu de Pau, évoquant les larmes de ce pauvre béarnais se mourant à Paris. Tout cela s’immisçant dans notre âme pour la construire de merveilleux souvenirs.
Alors, par delà le temps et l’espace, le sens de l’histoire, en Béarn, n’est-il pas aussi une synthèse de ces sept autres sens que nous vous avons racontés tout au long de cet été ? N’est-ce pas un condensé de notre émerveillement face à un panorama, de ce parfum de foin qui nous remonte aux narines, de ce silence bruissant de vie, de ce goût du confit qui enchante nos papilles, de cette caresse de l’air qui nous enveloppe ? N’est-ce pas aussi la plénitude des équilibres de nos plaines et de nos montagnes, ajoutée à la joie du chant et de la fête… Cet ensemble magnifié, et parfois un peu érodé, à l’aune du temps qui passe.
Fort de tout cela comment ne pas communier avec nos ancêtres ? Comment ne pas vouloir perpétuer et transmettre à nos enfants l’amour de nos histoires, de nos traditions, de notre Terre et de notre Béarn, et donner du sens à notre propre histoire !
Le sens de l’histoire
Christian Garrabos
Des mythes, le Béarn et les béarnais en ont à foison. Déjà nos grandes figures historiques : Gaston Fébus, né sous le signe du soleil, à la devise si parlante : « Touches-y si tu oses !» ; notre Vert Galant au fier Panache blanc ou avec la poule au pot, Bernadotte qui a conquis les neiges et nous donner des cousins en Suède ou Jeanne d’Albret l’insoumise ! Combien de petits béarnais ne les ont-ils pas sortis des livres d’histoire pour les faire vivre dans leurs jeux ?
Car c’est bien dans l’imaginaire des enfants, dans les souvenirs qu’ils se créent, dans ces héros qu’ils se donnent que se fonde l’âme de leur Terre. Jean Lassalle pouvait dire à Lourdios, en juin dernier, lors de la fête de la transhumance, que chaque transhumance fait ressurgir en nous ces souvenirs d’enfance que nous avons vécus.
Et nous en avons des souvenirs, tous captés dans ces fêtes partagées avec les « grands » en ébarbant le maïs, en regardant les boyaux fraîchement lavés être enfilés sur la canule avant de s’épanouir, comme miraculeusement, en saucisse, boudin ou autre andouille, gavés de la chair du cochon occis lors du pèle porc !
Toutes ces petites histoires racontées en ronde autour du feu : du Jeantet le rebouteux, de cette ascension du Pic du Midi un jour d’avril, ou bien de cette cueillette de cèpes qui se pesait en dizaines de kilos… toutes ces histoires se finissant, à un moment où à un autre, en chantant lou Cèu de Pau, évoquant les larmes de ce pauvre béarnais se mourant à Paris. Tout cela s’immisçant dans notre âme pour la construire de merveilleux souvenirs.
Alors, par delà le temps et l’espace, le sens de l’histoire, en Béarn, n’est-il pas aussi une synthèse de ces sept autres sens que nous vous avons racontés tout au long de cet été ? N’est-ce pas un condensé de notre émerveillement face à un panorama, de ce parfum de foin qui nous remonte aux narines, de ce silence bruissant de vie, de ce goût du confit qui enchante nos papilles, de cette caresse de l’air qui nous enveloppe ? N’est-ce pas aussi la plénitude des équilibres de nos plaines et de nos montagnes, ajoutée à la joie du chant et de la fête… Cet ensemble magnifié, et parfois un peu érodé, à l’aune du temps qui passe.
Fort de tout cela comment ne pas communier avec nos ancêtres ? Comment ne pas vouloir perpétuer et transmettre à nos enfants l’amour de nos histoires, de nos traditions, de notre Terre et de notre Béarn, et donner du sens à notre propre histoire !
dimanche 28 août 2011
Le sens des autres
Voici, après l'exploitation des cinq sens traditionnels et le sens de l'équilibre, que vous trouverez un peu plus loin sur ce blog, le septième des "huit sens du Béarn", le dernier sera le sens de l'Histoire que nous publierons en début de semaine prochaine.
Le sens des autres
Christian Garrabos
Un chant monte, « Montagnes Pyrénées », « Se canto » ou « Beth cèu de Pau »…, le silence se fait dans l’assemblée, puis un à un, chacun reprend en chœur. Les visages s’éclairent, le chant sort des cœurs et des poitrines, les poils se dressent, le Béarn communie !
Ce besoin de chanter ensemble, spontanément, de chanter sa terre, ses montagnes, l’amitié ou sa belle, s’est forgé dès la plus tendre enfance dans les multiples activités festives de la vie béarnaise. L’espérouquère*, le pèle porc, la chasse à la palombe ainsi que les foins, les vendanges ou même la transhumance…, sont autant d’occasions où chacun vient pour le plaisir d’être ensemble. On vient « aider » ou « prêter la main », comme on dit chez nous. On va chez l’autre, le voisin, le parent ou l’ami, à tour de rôle, chacun avec son tour de main, sa recette, ou sa seule présence, exercer cette solidarité simple, solidarité de la campagne, solidarité des gens de montagne.
Cette solidarité n’en est pas moins festive. Les béarnais aiment faire la fête. Du début du printemps au fin fond de l’automne, les fêtes de toute nature se succèdent : carnavals, cavalcades, garburade, fêtes aux fromages ou aux jambons, fêtes des vins…, donnant à chaque fois l’occasion de perpétuer et de populariser nos traditions et notre sens de l’hospitalité.
Mais, point besoin d’organisation formelle, ainsi, passez dans la campagne, pénétrez dans une ferme pour demander votre chemin, on vous proposera certainement de partager le casse-croute. « Oh, rien... » Juste quelques tranches de saucisson ou de jambon, une terrine de pâté dont, du bout du couteau une tranche est tartinée sur un quignon de pain, et un verre de vin, et du fromage, et… « Ah, vous n’avez plus faim !… Même pas pour une petite goutte ?... »
Ce plaisir d’être ensemble, de s’amuser, de partager se démultiplie sur une autre terre d’élection : le rugby. Ce sport, collectif par excellence, a trouvé son épanouissement dans nos villes et campagnes. Sport de conquête, rude et festif, le rugby se joue sur le terrain mais aussi dans les travées des tribunes. Le souffle de vie du chant monte poussant l’équipe, unissant chanteurs et joueurs dans une même quête, le plaisir du jeu et si possible celui de la victoire.
Victoire ou défaite, la joie au cœur ou les larmes dans les yeux, de nouveaux chants jaillissent lors de la troisième mi-temps. Pour le plaisir de chanter ensemble.
Oui, en Béarn, le mot ensemble prend toute sa signification !
• : ébarbage et égrainage du maïs à la main.
Le sens des autres
Christian Garrabos
Un chant monte, « Montagnes Pyrénées », « Se canto » ou « Beth cèu de Pau »…, le silence se fait dans l’assemblée, puis un à un, chacun reprend en chœur. Les visages s’éclairent, le chant sort des cœurs et des poitrines, les poils se dressent, le Béarn communie !
Ce besoin de chanter ensemble, spontanément, de chanter sa terre, ses montagnes, l’amitié ou sa belle, s’est forgé dès la plus tendre enfance dans les multiples activités festives de la vie béarnaise. L’espérouquère*, le pèle porc, la chasse à la palombe ainsi que les foins, les vendanges ou même la transhumance…, sont autant d’occasions où chacun vient pour le plaisir d’être ensemble. On vient « aider » ou « prêter la main », comme on dit chez nous. On va chez l’autre, le voisin, le parent ou l’ami, à tour de rôle, chacun avec son tour de main, sa recette, ou sa seule présence, exercer cette solidarité simple, solidarité de la campagne, solidarité des gens de montagne.
Cette solidarité n’en est pas moins festive. Les béarnais aiment faire la fête. Du début du printemps au fin fond de l’automne, les fêtes de toute nature se succèdent : carnavals, cavalcades, garburade, fêtes aux fromages ou aux jambons, fêtes des vins…, donnant à chaque fois l’occasion de perpétuer et de populariser nos traditions et notre sens de l’hospitalité.
Mais, point besoin d’organisation formelle, ainsi, passez dans la campagne, pénétrez dans une ferme pour demander votre chemin, on vous proposera certainement de partager le casse-croute. « Oh, rien... » Juste quelques tranches de saucisson ou de jambon, une terrine de pâté dont, du bout du couteau une tranche est tartinée sur un quignon de pain, et un verre de vin, et du fromage, et… « Ah, vous n’avez plus faim !… Même pas pour une petite goutte ?... »
Ce plaisir d’être ensemble, de s’amuser, de partager se démultiplie sur une autre terre d’élection : le rugby. Ce sport, collectif par excellence, a trouvé son épanouissement dans nos villes et campagnes. Sport de conquête, rude et festif, le rugby se joue sur le terrain mais aussi dans les travées des tribunes. Le souffle de vie du chant monte poussant l’équipe, unissant chanteurs et joueurs dans une même quête, le plaisir du jeu et si possible celui de la victoire.
Victoire ou défaite, la joie au cœur ou les larmes dans les yeux, de nouveaux chants jaillissent lors de la troisième mi-temps. Pour le plaisir de chanter ensemble.
Oui, en Béarn, le mot ensemble prend toute sa signification !
• : ébarbage et égrainage du maïs à la main.
mercredi 17 août 2011
Le sens de l'équilibre
Outre les 5 sens communément admis, nous avons trouvé que le Béarn et les béanais en possédaient au moins trois autres : le sens d' équilibre, le sens des autres et le sens de l'Histoire.
Voici le sens de l'équilibre. Les deux suivant paraîtront dans la République et l'Eclair respectivement les 22 et 27 août.
Alternance et équilibre
Christian Garrabos
« Béarn, Terre d’équilibre » !
Nous préférons, et de loin, cette expression, au cliché qui dirait : « Béarn, Terre de contrastes ».
S’il est vrai que le Béarn flotte entre les sommets et la plaine, entre la ville et la campagne, les villages et les longues vallées, entre la rudesse d’un défilé et la douceur d’un vallon, la richesse organique d’un pâturage et le désert minéral d’un pierrier, et qu’un pâtre béarnais compose entre la solitude et son goût pour sa famille et ses amis… Ces contrastes apparents ne viennent pas en concurrence, mais en complémentarité.
Pourquoi la plaine de Nay s’étend elle sans la moindre bosse, si ce n’est pour nous montrer en toute évidence la faille de Ferrière et mieux mettre en valeur le Gabizos, si pointu ! Le Nord Béarn fait de même, non pas pour s’éloigner d’une montagne honnie, mais pour nous donner une vue d’un seul coup d’œil sur près de 200 km de Pyrénées. Les horizons se conjuguent et se démultiplient nous donnant à nous émerveiller sur toutes les nuances de vert et permettant à l’œil de grimper par petits paliers, sans égratignure, vers notre ciel d’azur.
Les Pyrénées pourraient se dresser en barrière infranchissable, lieu hostile. En fait, nos vallées s’équilibrent avec les plus hauts sommets qui les côtoient, et chacune débouche vers un ailleurs, espagnol ou bigourdan.
Ces vallées ne sont pas seulement des lieux de passage, mais surtout des lieux de vie et de travail, dynamiques et enracinés. Hommes et animaux y vivent en symbiose. La transhumance les fait monter vers les sommets, mais les frimas venus, c’est vers la plaine qu’ils se tournent.
Plus que jamais, le Béarn vit avec cette alternance dans les mouvements liée à l’éternel cycle des jours et des saisons, du froid et du chaud, du doux et du plus rude. S’il arrive qu’il fasse trop chaud le jour, il y a toujours une fontaine pour y trouver de la fraîcheur, ou l’ombre propice d’une vieille bâtisse où se reposer. Si le soleil s’acharne à briller, immanquablement, un orage salutaire apporte l’eau nécessaire. Alors, la nature explose de vert, couleur douce et équilibrée, d’autant plus quand elle s’associe au bleu du ciel.
Ainsi, les Béarnais forgés à l’image du Béarn, savent jouer avec le tempérament de leur Terre, avec la difficulté des pentes et du dur labeur, mais ils l’associent, inévitablement, à la douceur de l’âtre, à l’amitié et à la fête.
Alors, n’est-ce pas que le Béarn a le sens de l'équilibre ?
samedi 13 août 2011
L'odorat, parmi les 8 sens du Béarn
Senteurs du Béarn
Christian Garrabos
En remontant dans sa mémoire jusque dans l’enfance, l’odeur du foin, sèche et fleurie, constitue un des plus délicieux souvenirs olfactifs d’un béarnais. Une multitude d’images apparaissent. La faucheuse qui passe et repasse dégageant à chaque fois le parfum d’herbe coupée. Puis, la faneuse qui soulève dans l’air chaud les premiers relents de l’odeur du foin, juste avant « les foins » eux-mêmes. C’est l’été, le début de l’été et des vacances, des rires et des roulades dans cette herbe toute craquante et aromatique, douce et irritante et qui fait éternuer. C’est aussi les sauterelles que l’on attrape de la main et qui laissent cette petite trace orange sur la peau qu’elles essaient vainement d’entamer.
Aux foins succèdent le regain et de nouvelles occasions de faire la fête. La fête, on aime la faire en Béarn ! Toute occasion convient pour ouvrir une bonne bouteille de Jurançon et faire tourner ce divin liquide dans le verre. Le vin scintille de mille teintes chaudes. Le nez vient alors cueillir ces fragrances ambrées, moelleuses et ensoleillées.
Avec le soleil, la neige fond sur les sommets, il s’agit alors de « suivre l’herbe ». La tradition millénaire se renouvelle vallée après vallée, à Lourdios, en Aspe, au mois de juin, ou à Laruns, en Ossau, au mois de juillet. La route est parfois longue pour les troupeaux. Dans le pas tout mesuré et solennel des vaches, dans la joyeuse pagaille des brebis ou la fougue impétueuse de chevaux, l’air se parfume de multiples exhalaisons. La très savoureuse et rassurante odeur d’étable de la vache, l’aigre du suint de brebis, le parfum discret et musqué du cheval ou celui en forme de fromage de chèvre de la bique.
Toutes ces senteurs se retrouvent dans le parfum du grand vent des alpages, près d’une bergerie, dans un saloir... ou sur notre assiette de fromages.
Les odeurs emplissent aussi les temples d’un autre culte béarnais, le rugby ! Dans ces stades, plus que tout, ce sont les relents de ventrèche et de saucisses grillées qui dominent. Une odeur un peu grasse, mais ô combien goûteuse, réchauffant l’âme des supporters dans la bise de la saison froide, tout autant que le vin chaud, prélude aux fumets de la garbure qui mijote sur le feu en attendant le retour des courageux.
Ainsi se boucle la farandole des saisons, dans le fumet de l’immense cheminée dans laquelle brule le chêne faisant griller les châtaignes dégustées à la saveur du bourret, en attendant que l’herbe repousse !
******
Aujourd'hui vous trouverez sur les Journaux "La République" et "l'Eclair", le sixième sens : le sens de l'équilibre ! Et bientôt sur ce même site...
Christian Garrabos
En remontant dans sa mémoire jusque dans l’enfance, l’odeur du foin, sèche et fleurie, constitue un des plus délicieux souvenirs olfactifs d’un béarnais. Une multitude d’images apparaissent. La faucheuse qui passe et repasse dégageant à chaque fois le parfum d’herbe coupée. Puis, la faneuse qui soulève dans l’air chaud les premiers relents de l’odeur du foin, juste avant « les foins » eux-mêmes. C’est l’été, le début de l’été et des vacances, des rires et des roulades dans cette herbe toute craquante et aromatique, douce et irritante et qui fait éternuer. C’est aussi les sauterelles que l’on attrape de la main et qui laissent cette petite trace orange sur la peau qu’elles essaient vainement d’entamer.
Aux foins succèdent le regain et de nouvelles occasions de faire la fête. La fête, on aime la faire en Béarn ! Toute occasion convient pour ouvrir une bonne bouteille de Jurançon et faire tourner ce divin liquide dans le verre. Le vin scintille de mille teintes chaudes. Le nez vient alors cueillir ces fragrances ambrées, moelleuses et ensoleillées.
Avec le soleil, la neige fond sur les sommets, il s’agit alors de « suivre l’herbe ». La tradition millénaire se renouvelle vallée après vallée, à Lourdios, en Aspe, au mois de juin, ou à Laruns, en Ossau, au mois de juillet. La route est parfois longue pour les troupeaux. Dans le pas tout mesuré et solennel des vaches, dans la joyeuse pagaille des brebis ou la fougue impétueuse de chevaux, l’air se parfume de multiples exhalaisons. La très savoureuse et rassurante odeur d’étable de la vache, l’aigre du suint de brebis, le parfum discret et musqué du cheval ou celui en forme de fromage de chèvre de la bique.
Toutes ces senteurs se retrouvent dans le parfum du grand vent des alpages, près d’une bergerie, dans un saloir... ou sur notre assiette de fromages.
Les odeurs emplissent aussi les temples d’un autre culte béarnais, le rugby ! Dans ces stades, plus que tout, ce sont les relents de ventrèche et de saucisses grillées qui dominent. Une odeur un peu grasse, mais ô combien goûteuse, réchauffant l’âme des supporters dans la bise de la saison froide, tout autant que le vin chaud, prélude aux fumets de la garbure qui mijote sur le feu en attendant le retour des courageux.
Ainsi se boucle la farandole des saisons, dans le fumet de l’immense cheminée dans laquelle brule le chêne faisant griller les châtaignes dégustées à la saveur du bourret, en attendant que l’herbe repousse !
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Aujourd'hui vous trouverez sur les Journaux "La République" et "l'Eclair", le sixième sens : le sens de l'équilibre ! Et bientôt sur ce même site...
mardi 2 août 2011
Les 8 sens du Béarn
La Rédaction de "la République" nous a demandé de faire une chronique qui paraît tout l'été dans les pages "vacances" du journal, au rythme d'un texte environ par semaine.
Cette chronique à le même titre que ce message. Il s'agit donc d'écrire sur les 5 sens traditionnels, ainsi que sur trois autres caractérisquetiques du Bérn et des béarnais : le sens de l'équilibre (des choses), le sens des autres et le sens de l'histoire...
A ce jour quatre textes sont parus, vous pouvez les lire ci-dessous :
Au plaisir des yeux !
Christian Garrabos
De quelque manière que l’on entre en Béarn, par l’un des points cardinaux ou même par avion, notre regard est ébloui par la beauté du spectacle de nos montagnes et de nos campagnes.
Dès la pointe de l’aube aux ors du couchant, les Pyrénées s’exposent lascivement en mille et un panoramas. Il suffit d’arriver au sommet d’un raidillon pour voir s’étendre d’une part, une longue plaine parsemée des clochers ornant chaque village et, de l’autre, le moutonnement des coteaux colorés de toutes les teintes de vert, montant peu à peu vers la barrière rocheuse. Au détour d’un virage, c’est Jean-Pierre, le Pic du Midi d’Ossau, qui surgit de la roche tel le museau d’un orque, figé. Est-ce pour avoir voulu capturer de sa gueule le soleil à son zénith ? Plus loin, ailleurs, sur le chemin Henri IV ; sur la route d’Oloron, à Belair ; en grimpant dans l’une de nos vallées ou suivant un sentier de randonnée, en montant sur les hauteurs d’Aussurucq ou humant l’air des précipices avec le petit train d’Artouste ; ou de plus loin, dès Garlin, les vues de carte postale s’accumulent.
En grand panoramique ou en zoom plus ciblé, nous pouvons admirer des perspectives toujours différentes de notre Béarn qui ne se fait plat que pour mieux faire rebondir ses rotondités. Prenez-le dès potron-minet et regardez-le jusqu’à l’extinction du jour, à chaque instant il vous surprend par une teinte subtile, une ombre inattendue, un paysage singulier. Ne vous en lassez pas !
Mais, si le Béarn sait se faire grandiose, il peut être tout autant discret. Un œil observateur va y trouver des centaines de trésors. Dans la fraîcheur de nos villages, la double pente des toits protège des maisons du XVIIème qui s’abreuvent d’une minuscule fontaine. Les fleurs de montagnes, la course d’un isard, la sérénité d’un lac, ou la lente progression des moutons et bovins dans leurs pâtures, satisfont les regards plus paisibles. Tandis que l’animation d’un marché à Arudy, Nay ou Bedous apporte à nos yeux l’appétence de mets chatoyants.
Et, pour finir la journée, venez avec nous, à Pau, sur le Boulevard goûter des palmiers sur un fond de Pyrénées aux teintes de hyacinthes. De ce balcon, regardons ensemble le vol des hirondelles puis s’éteindre les lueurs fauves de notre « Beth cèu de Pau ».
Le goût, simple et savoureux…
Passer dans nos marchés béarnais constitue un régal pour l’oeil, avant qu’il ne le soit pour les papilles. Les étals des volaillers et charcutiers, en particulier, regorgent de mets caractéristiques de notre gastronomie. Saucissons, andouilles, boudins, confits divers, foies gras, rillettes, jambons… se balancent en stalactites ou s’exposent en vitrine.
Le Béarn a déployé une gastronomie de terroir surtout portée sur l’exploitation des produits de la ferme. Simple, certes, mais le goût n’est-il pas la richesse des pauvres ? Ce goût a décuplé les occasions de faire des confits. Un confit de canard accompagné de pommes rissolées à l’ail, n’est-ce pas un met de roi de campagne. L’onctuosité et la finesse de la chair du l’animal, relevée par la saveur douce de graisse et pimenté par l’acre et fort goût de l’ail. Qu’y a-t-il de plus délectable ? Le tout, bien évidemment, arrosé d’un bon Madiran…
Cette cuisse de canard confite, ou son manchon, entre le plus souvent dans la garbure, emblème de notre cuisine. Une soupe ou tout un repas, selon. Un mélange de légumes du jardin, pommes de terre, haricots de maïs, choux, carottes... dans le bouillon desquels les morceaux de viande, jambonneau, cou de canard ou coustous, selon les recettes, donnent couleurs et surtout ce goût inimitable. À alterner avec l’inévitable « poule au pot » que le bon Henri IV voulut mettre dans toutes nos assiettes
Si les goûts du Béarn se déploient particulièrement bien dans les petites auberges qui jalonnent les plaines et vallées, ils prennent une saveur particulière lors des fêtes. Le pèle-porc, en est le vivant exemple, voisins et amis venant chacun avec sa recette, secrète bien sûr, de saucisson, de boudin et de toutes autres cochonnailles. Le tout se finissant par un repas pantagruélique.
Nous n’aurons garde d’oublier le fromage de brebis. Il finit un repas, comme il peut se déguster en casse-croute, avec ou sans un verre de Jurançon, doux ou sec, selon les goûts.
Vous voulez des mets plus raffinés ? La truite ou le saumon, fruits de nos gaves ; la palombe en salmis ; le gibier, chevreuil ou sanglier… Et, les foies gras, bien sûr, nature, à la figue ou par exemple au Jurançon. Mais, nous avons gardé pour la fin l’escalope de foie de canard frais revenu à la poêle avec un Jurançon « vendanges tardives ». De quoi donner à nos papilles leur compte de délices.
Alors, n’hésitons pas dégustons notre cuisine faite de saveurs et de bonne humeur ! Vous hésitez ? Enfin, c’est bien connu, le confit ce n’est pas gras !
Christian Garrabos
Le Béarn est une caresse.
Christian Garrabos
Le toucher ?… Le toucher, ce sens délaissé tellement il est utilisé à chaque instant, et parfois même pour des tâches peu agréables, que l’on oublie souvent les sensations qu’il peut nous apporter… Le toucher, c’est ce sens qui nous permet d’apprécier le douillet d’une texture, la chaleur d’un contact, la suavité d’un effleurement. Le toucher c’est la main, mais aussi le pied, ou notre visage, tout notre épiderme, tout notre corps.
Le Béarn propose une multitude d’occasions de s’essayer au toucher. Ainsi, le Béarn est vif, comme ses gaves qui dévalent la montagne, déversant une eau fraiche et bienfaisante. Enlevez vos chaussures de marche et trempez vos pieds échauffés, le premier instant de saisissement passé, appréciez l’écoulement, le frôlement de l’eau sur votre peau. Posez vos pieds sur ces galets sur lesquels l’eau danse. Et surtout, imprégnez-vous de leur patine, de leur fermeté, de leur bombé, car le Béarn est rond.
Rond comme les galets du gave, des galets polis par les multiples frictions du temps et des éléments. Des galets que vous prenez de la main pour jouer aux ricochets sur un lac, ou les blottir dans une poche avant de les poser sur une étagère. Mais aussi, ces galets indestructibles, associés à la pierre, qui furent assemblés par la main de nos artisans pour faire nos maisons béarnaises, le lavoir ou la fontaine qui trône à l’ombre de l’église du village, les bastides qui parsèment le pays et tous nos monuments qui portent l’empreinte la plus palpable des hommes qui les ont édifiés.
Le Béarn est dessiné. Cette main de l’homme industrieux nous la retrouvons dans nos paysages. Nos paysages ont été façonnés du soc et de la main. La vigne, le maïs, les pâturages qui les ornent sont les fruits d’un travail séculaire et de traditions qui se sont poursuivies. Cette main qui continue à élaborer mille et une textures, du fromage aux pêches roussannes, de la laine aux gâteaux à la broche, du boudin aux bérets…
Goûtez à cela et laissez vous aller, vous dis-je, et ressentez. Laissez tout votre être se faire câliner par le moelleux de l’air, si calmant chez nous qu’il en devient sédatif. Laissez-vous bercer, envelopper par lui. Ouvrez votre visage, vos mains, votre corps entier à cette câlinerie. Laissez-vous partir comme dans un bain, un bain dans ces eaux chaudes qui jaillissent aux quatre coins de nos vallées. De ces eaux qui façonnent le bien-être.
Alors, vous saurez indubitablement que le Béarn est une caresse.
Les visages du silence
Christian Garrabos
En venant en Béarn, après avoir quitté le monstre vrombissant qui vous a amené jusqu’ici, laissez-le loin de vous et ouvrez grand vos oreilles. Ici, point de trompette, ni de violoncelle, nous vous invitons à écouter la musique du silence.
Que ce soit en plaine, dans les champs de maïs de Sault-de-Navailles ; sur les coteaux, ou dans les vignes de Béarn ; en montagne, ou même en ville, vous pouvez savourer diverses partitions de ce silence en Béarn majeur. Cependant, écoutez bien, car si la musique est belle, vous ne la percevez que toute en douceur. Mobilisez votre attention, le concert en vaut la peine !
Attention, vous n’allez pas entendre un silence de mort, mais le silence profond de la nature. Chut !.... Écoutez tous ces chuchotements de vie.
Dès l’aube, un boqueteau et merles, mésanges, pinsons et autres passereaux se répondent l’un l’autre, dans des concours de trilles toujours plus éblouissants. Plus loin, dans la journée, dans la touffeur de l’été, alors que la chaleur pèse sur tous, le vrombissement des insectes jouant à on ne sait quel jeu, surnage à la pesanteur de l’air. De temps à autre, le meuglement mou d’une vache répond à un pitoyable aboiement lointain.
Plus haut, sur le sommet du coteau, le bruissement des herbes caressées par la brise ascendante répond au frémissement des feuilles des chênes et châtaigniers qui vous entourent.
Mais, le silence le plus profond, le plus suave, s’écoute en montagne. Dès les premiers contreforts passés, lorsque la vallée s’évase, les sons cristallins des sonnailles vous accueillent, gaiment, paisiblement… Montez un peu plus, au plus fort du crissement de vos pas sur les graviers du chemin, un cri strident déchire le ciel. Un rapace passe au ras de la pente, dans le frou-frou de l’air vibrant dans ses plumes. Un peu plus loin, ce petit sifflement en forme de « Hep, venez me voir jeune homme ! » La marmotte pousse son cri d’alerte envers l’intrus que vous êtes. Arrêtez-vous ; repartez ; quelques mètres plus loin, ce petit sifflement reviendra à vos oreilles. Ne cherchez pas à voir, tout le monde est caché dans les profondeurs d’un pierrier ou sous un entrelacs de souches.
Nous avons gardé pour la fin les trémolos des gaves, alternant murmures et vacarmes. Savourez-en les différentes harmonies, tout cela sur ce fond de sérénité et de plénitude qu’est le silence.
Les quiatre autres textes sont à venir.
Bonnes vacances...
Cette chronique à le même titre que ce message. Il s'agit donc d'écrire sur les 5 sens traditionnels, ainsi que sur trois autres caractérisquetiques du Bérn et des béarnais : le sens de l'équilibre (des choses), le sens des autres et le sens de l'histoire...
A ce jour quatre textes sont parus, vous pouvez les lire ci-dessous :
Au plaisir des yeux !
Christian Garrabos
De quelque manière que l’on entre en Béarn, par l’un des points cardinaux ou même par avion, notre regard est ébloui par la beauté du spectacle de nos montagnes et de nos campagnes.
Dès la pointe de l’aube aux ors du couchant, les Pyrénées s’exposent lascivement en mille et un panoramas. Il suffit d’arriver au sommet d’un raidillon pour voir s’étendre d’une part, une longue plaine parsemée des clochers ornant chaque village et, de l’autre, le moutonnement des coteaux colorés de toutes les teintes de vert, montant peu à peu vers la barrière rocheuse. Au détour d’un virage, c’est Jean-Pierre, le Pic du Midi d’Ossau, qui surgit de la roche tel le museau d’un orque, figé. Est-ce pour avoir voulu capturer de sa gueule le soleil à son zénith ? Plus loin, ailleurs, sur le chemin Henri IV ; sur la route d’Oloron, à Belair ; en grimpant dans l’une de nos vallées ou suivant un sentier de randonnée, en montant sur les hauteurs d’Aussurucq ou humant l’air des précipices avec le petit train d’Artouste ; ou de plus loin, dès Garlin, les vues de carte postale s’accumulent.
En grand panoramique ou en zoom plus ciblé, nous pouvons admirer des perspectives toujours différentes de notre Béarn qui ne se fait plat que pour mieux faire rebondir ses rotondités. Prenez-le dès potron-minet et regardez-le jusqu’à l’extinction du jour, à chaque instant il vous surprend par une teinte subtile, une ombre inattendue, un paysage singulier. Ne vous en lassez pas !
Mais, si le Béarn sait se faire grandiose, il peut être tout autant discret. Un œil observateur va y trouver des centaines de trésors. Dans la fraîcheur de nos villages, la double pente des toits protège des maisons du XVIIème qui s’abreuvent d’une minuscule fontaine. Les fleurs de montagnes, la course d’un isard, la sérénité d’un lac, ou la lente progression des moutons et bovins dans leurs pâtures, satisfont les regards plus paisibles. Tandis que l’animation d’un marché à Arudy, Nay ou Bedous apporte à nos yeux l’appétence de mets chatoyants.
Et, pour finir la journée, venez avec nous, à Pau, sur le Boulevard goûter des palmiers sur un fond de Pyrénées aux teintes de hyacinthes. De ce balcon, regardons ensemble le vol des hirondelles puis s’éteindre les lueurs fauves de notre « Beth cèu de Pau ».
Le goût, simple et savoureux…
Passer dans nos marchés béarnais constitue un régal pour l’oeil, avant qu’il ne le soit pour les papilles. Les étals des volaillers et charcutiers, en particulier, regorgent de mets caractéristiques de notre gastronomie. Saucissons, andouilles, boudins, confits divers, foies gras, rillettes, jambons… se balancent en stalactites ou s’exposent en vitrine.
Le Béarn a déployé une gastronomie de terroir surtout portée sur l’exploitation des produits de la ferme. Simple, certes, mais le goût n’est-il pas la richesse des pauvres ? Ce goût a décuplé les occasions de faire des confits. Un confit de canard accompagné de pommes rissolées à l’ail, n’est-ce pas un met de roi de campagne. L’onctuosité et la finesse de la chair du l’animal, relevée par la saveur douce de graisse et pimenté par l’acre et fort goût de l’ail. Qu’y a-t-il de plus délectable ? Le tout, bien évidemment, arrosé d’un bon Madiran…
Cette cuisse de canard confite, ou son manchon, entre le plus souvent dans la garbure, emblème de notre cuisine. Une soupe ou tout un repas, selon. Un mélange de légumes du jardin, pommes de terre, haricots de maïs, choux, carottes... dans le bouillon desquels les morceaux de viande, jambonneau, cou de canard ou coustous, selon les recettes, donnent couleurs et surtout ce goût inimitable. À alterner avec l’inévitable « poule au pot » que le bon Henri IV voulut mettre dans toutes nos assiettes
Si les goûts du Béarn se déploient particulièrement bien dans les petites auberges qui jalonnent les plaines et vallées, ils prennent une saveur particulière lors des fêtes. Le pèle-porc, en est le vivant exemple, voisins et amis venant chacun avec sa recette, secrète bien sûr, de saucisson, de boudin et de toutes autres cochonnailles. Le tout se finissant par un repas pantagruélique.
Nous n’aurons garde d’oublier le fromage de brebis. Il finit un repas, comme il peut se déguster en casse-croute, avec ou sans un verre de Jurançon, doux ou sec, selon les goûts.
Vous voulez des mets plus raffinés ? La truite ou le saumon, fruits de nos gaves ; la palombe en salmis ; le gibier, chevreuil ou sanglier… Et, les foies gras, bien sûr, nature, à la figue ou par exemple au Jurançon. Mais, nous avons gardé pour la fin l’escalope de foie de canard frais revenu à la poêle avec un Jurançon « vendanges tardives ». De quoi donner à nos papilles leur compte de délices.
Alors, n’hésitons pas dégustons notre cuisine faite de saveurs et de bonne humeur ! Vous hésitez ? Enfin, c’est bien connu, le confit ce n’est pas gras !
Christian Garrabos
Le Béarn est une caresse.
Christian Garrabos
Le toucher ?… Le toucher, ce sens délaissé tellement il est utilisé à chaque instant, et parfois même pour des tâches peu agréables, que l’on oublie souvent les sensations qu’il peut nous apporter… Le toucher, c’est ce sens qui nous permet d’apprécier le douillet d’une texture, la chaleur d’un contact, la suavité d’un effleurement. Le toucher c’est la main, mais aussi le pied, ou notre visage, tout notre épiderme, tout notre corps.
Le Béarn propose une multitude d’occasions de s’essayer au toucher. Ainsi, le Béarn est vif, comme ses gaves qui dévalent la montagne, déversant une eau fraiche et bienfaisante. Enlevez vos chaussures de marche et trempez vos pieds échauffés, le premier instant de saisissement passé, appréciez l’écoulement, le frôlement de l’eau sur votre peau. Posez vos pieds sur ces galets sur lesquels l’eau danse. Et surtout, imprégnez-vous de leur patine, de leur fermeté, de leur bombé, car le Béarn est rond.
Rond comme les galets du gave, des galets polis par les multiples frictions du temps et des éléments. Des galets que vous prenez de la main pour jouer aux ricochets sur un lac, ou les blottir dans une poche avant de les poser sur une étagère. Mais aussi, ces galets indestructibles, associés à la pierre, qui furent assemblés par la main de nos artisans pour faire nos maisons béarnaises, le lavoir ou la fontaine qui trône à l’ombre de l’église du village, les bastides qui parsèment le pays et tous nos monuments qui portent l’empreinte la plus palpable des hommes qui les ont édifiés.
Le Béarn est dessiné. Cette main de l’homme industrieux nous la retrouvons dans nos paysages. Nos paysages ont été façonnés du soc et de la main. La vigne, le maïs, les pâturages qui les ornent sont les fruits d’un travail séculaire et de traditions qui se sont poursuivies. Cette main qui continue à élaborer mille et une textures, du fromage aux pêches roussannes, de la laine aux gâteaux à la broche, du boudin aux bérets…
Goûtez à cela et laissez vous aller, vous dis-je, et ressentez. Laissez tout votre être se faire câliner par le moelleux de l’air, si calmant chez nous qu’il en devient sédatif. Laissez-vous bercer, envelopper par lui. Ouvrez votre visage, vos mains, votre corps entier à cette câlinerie. Laissez-vous partir comme dans un bain, un bain dans ces eaux chaudes qui jaillissent aux quatre coins de nos vallées. De ces eaux qui façonnent le bien-être.
Alors, vous saurez indubitablement que le Béarn est une caresse.
Les visages du silence
Christian Garrabos
En venant en Béarn, après avoir quitté le monstre vrombissant qui vous a amené jusqu’ici, laissez-le loin de vous et ouvrez grand vos oreilles. Ici, point de trompette, ni de violoncelle, nous vous invitons à écouter la musique du silence.
Que ce soit en plaine, dans les champs de maïs de Sault-de-Navailles ; sur les coteaux, ou dans les vignes de Béarn ; en montagne, ou même en ville, vous pouvez savourer diverses partitions de ce silence en Béarn majeur. Cependant, écoutez bien, car si la musique est belle, vous ne la percevez que toute en douceur. Mobilisez votre attention, le concert en vaut la peine !
Attention, vous n’allez pas entendre un silence de mort, mais le silence profond de la nature. Chut !.... Écoutez tous ces chuchotements de vie.
Dès l’aube, un boqueteau et merles, mésanges, pinsons et autres passereaux se répondent l’un l’autre, dans des concours de trilles toujours plus éblouissants. Plus loin, dans la journée, dans la touffeur de l’été, alors que la chaleur pèse sur tous, le vrombissement des insectes jouant à on ne sait quel jeu, surnage à la pesanteur de l’air. De temps à autre, le meuglement mou d’une vache répond à un pitoyable aboiement lointain.
Plus haut, sur le sommet du coteau, le bruissement des herbes caressées par la brise ascendante répond au frémissement des feuilles des chênes et châtaigniers qui vous entourent.
Mais, le silence le plus profond, le plus suave, s’écoute en montagne. Dès les premiers contreforts passés, lorsque la vallée s’évase, les sons cristallins des sonnailles vous accueillent, gaiment, paisiblement… Montez un peu plus, au plus fort du crissement de vos pas sur les graviers du chemin, un cri strident déchire le ciel. Un rapace passe au ras de la pente, dans le frou-frou de l’air vibrant dans ses plumes. Un peu plus loin, ce petit sifflement en forme de « Hep, venez me voir jeune homme ! » La marmotte pousse son cri d’alerte envers l’intrus que vous êtes. Arrêtez-vous ; repartez ; quelques mètres plus loin, ce petit sifflement reviendra à vos oreilles. Ne cherchez pas à voir, tout le monde est caché dans les profondeurs d’un pierrier ou sous un entrelacs de souches.
Nous avons gardé pour la fin les trémolos des gaves, alternant murmures et vacarmes. Savourez-en les différentes harmonies, tout cela sur ce fond de sérénité et de plénitude qu’est le silence.
Les quiatre autres textes sont à venir.
Bonnes vacances...